Tout commence par un mail de quelqu'un qui est une référence pour le développé couché français, Joseph Ponnier. Une réponse à un mail pour le tenir au courrant de la dernière mise à jour du Club150kg et surtout de la mise au point du Club60kg féminin. Et puis, maintenant que le téléphone se démocratise, on laisse tomber les mails en quasi temps réel pour un combiné. Quelle rencontre !

Il m'a dit connaître un ami qui possédait des archives personelles de TOUS les résultats de la fédération maintenant disparue FFF (Fédération Française de Force), de 1987 à 2000: 13 années de résultats sportifs dans trois lourds cartons d'archives. Il me dit contacter son ami pour le lendemain et me tenir au courrant. Je pars me coucher, rêveur...

Le lendemain le télépohne sonne: Joseph Ponnier, fier de monter qu'il tient ses promesses, m'annonce être chez son ami et lui avoir soumis mon projet de consulter ces archives et ainsi allonger la liste des meilleurs benchers français. Bien sur, ces archives sont un véritable trésor, et la crainte de leur détenteur de les perdre ou de les voir dégradées est légitime. Ainsi ai-je proposé de venir les chercher en mains propres. Rendez-vous est pris pour le lendemain 16h, ayant à peu près 2h30 de route aller à faire.

5 heures de route pour aller chercher un trésor d'archives: on prépare la petite expédition: GPS, coffret complet de Lohengrin (ça aide à passer la francillienne en période chargée), clé USB avec site internet, et portable (en cas de coup dur). Démarrage et départ vers l'inconnu.

Un homme charmant, très accueillant. Un intérieur sobre et respectueux. Des trophés de force un peu partout, certains très beaux, mais rangés sans exhibition. Une poignée de main puissante et franche. Un exemple de plus qui montre que le monde de la force athlétique n'est pas soumis à des conventions de caste ou normes de bienséance. Respect mutuel, les jeunes pour les anciens à qui ils doivent tout, et les anciens pour ces jeunes qui prennent le relais.

Une mission m'incombe. D'abord numériser la totalité de ces archives pour qu'elles ne disparaissent pas. Elles contiennent la mémoire de la sueur. Des athlètes de très haut niveau ont préparé leurs performances pendant des années, ce sont les précurseurs de notre sport. Si leurs performances disparaissent, ce serait une honte. Si l'on téléphone à la fédération de tennis pour leur demander qui était champioin d'Aquitaine en 1983 on obtiendra très certainement une réponse. Beaucoup de fédérations ont des archives. Pourquoi l'histoire cahotique de la force athlétique en france n'aurait pas droit à des archives et des gens pour les conserver. Le travail de Pascal Girard dans ce sens est exemplaire.

Ensuite trier pour inclure dans les Club150kg et 60kg les meilleur(e)s athlètes français de cette époque là, et dresser un tableau d'honneur de notre sport, une liste des meilleurs athlètes pour que les anciens, même disparus, ne disparaîssent jamais. En quelques années déjà, j'ai rencontré des gens merveilleux qui ne méritent ni l'oubli ni la poussière.